Xanthoria parietina

Les lichens : habitats et morphologies

Les lichens sont des organismes complexes à la classification différente des autres espèces végétales. Dans cet article, je vais vous présenter les différents milieux écologiques des lichens ainsi que leurs différents types morphologiques de lichens ainsi que leur anatomie.

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, un lichen est le fruit d’une symbiose entre un champignon, une algue verte et/ou des cyanobactéries. Son appareil végétatif, le thalle, présente une morphologie spécifique à chaque type de lichen.
Les différents types biologiques des lichens ne correspondent pas à celui des plantes vasculaires établi par Raunkiaer. Ainsi, d’autres systèmes de classification ont donc été mis en place. Afin de pouvoir le mieux possible déterminer les différents types et espèces de lichens, l’étude de leur habitat et de leur morphologie sont les premières clés de leur identification.

Les différents types d’habitats des lichens

Espèces assez cosmopolites et ubiquistes, les lichens recouvrent à peu près 8 % de la surface terrestre. Chaque espèce de lichen nécessite des conditions particulières pour sa croissance. Certains ont besoin d’un substrat acide, d’autres un support neutre ou basique. Certains auront besoin d’une luminosité élevée, d’autres non. Le taux d’humidité, la température moyenne, la présence d’azote et de calcaire ainsi que la qualité de l’air influencent aussi leur développement. Ainsi, les lichens sont, dans un premier temps, définis selon leur écologie.

  • Les lichens saxicoles croissent sur les rochers siliceux ou calcaires, les vieux murs, les tuiles voire sur des supports plastiques ou métalliques
Lecanora sp
sur muret de briques.
  • Les lichens corticoles ou épiphytes, se développent sur les écorces des troncs et les branches d’arbres mais sans les parasiter. Certaines espèces sont sensibles à l’âge, le type d’essence de l’arbre et la texture de l’écorce.
Différentes types de lichens sur une écorce de Hêtre pourpre.
  • Les lichens lignicoles, effectuent leur croissance sur le bois mort. Ils s’alimentent des nutriments libérés par la décomposition de leur support.
Cladonia sp sur bois mort.
  • Les lichens terricoles ou épigéiques, peuvent s’observer dans les pelouses sèches, les landes, à l’abri de la compétition des plantes à fleurs.
Lichen terricole (Cladonia sp)

D’autres espèces peuvent être mussicoles en poussant sur les mousses, d’autres auront une préférence pour les substrats riches en poussières atmosphériques comme les trottoirs, bords de route et structures urbaines.

Morphologie et anatomie des lichens

Indépendamment de leur substrat, les lichens sont classés selon leur forme en différents types morphologiques. Cette forme de classification regroupant des espèces se ressemblant plutôt que des espèces génétiquement proches s’avère la plus pratique pour l’identification des lichens.

Anatomie des lichens hétéromères

La morphologie des lichens est influencée par le champignon les composant. Ce dernier, en croissant, va former un thalle qui est le corps du lichen. Deux types d’anatomie de thalle caractérisent les lichens selon leur famille. Chez les lichens homomères rassemblant les lichens gélatineux, les cellules du photobionte sont uniformément réparties dans le thalle. Chez les lichens hétéromères, les photobiontes sont regroupés dans une couche du thalle.
La famille hétéromère regroupant la majorité des lichens, je m’arrêterai sur la présentation de l’anatomie de ceux-ci.

Les lichens hétéromères sont organisés sous forme de strates. La partie visible, appelée cortex supérieur est composé d’un réseau de filaments appelés hyphes, base du mycélium chez les champignons. Celui-ci, solidifié en surface, protège les photobiontes des chocs mécaniques et de l’intensité excessive des rayons du soleil.

Sous le cortex supérieur, se trouve une couche assimilatrice de la photosynthèse constituée des photobiontes. Elle est appelée couche algale ou couche cyanobactériale selon l’origine du photobionte. Lorsque le champignon abrite des algues vertes et des cyanobactéries, chacune sont séparées dans des parties différentes. Les cyanobactéries sont stockées dans des chambres spécifiques : les céphalodies.

En dessous des photobiontes, se tient une couche filamenteuse aérée : le médulle. Cette zone stocke l’eau nécessaire à maintenir le taux d’humidité optimum au maintient des photobiontes.
Enfin, le cortex inférieur constitué d’hyphes serrées produit des rhizines ou un tomentum permettant au lichen de se fixer à son substrat.

Anatomie d’un Lichen hétéromère

Parfois, une simple identification visuelle ne permet pas de différencier plusieurs espèces semblables de lichens. Pour exactement identifier chaque espèce, le lichénologue averti mettra en place différentes méthodes spécifiques allant de l’utilisation de réactifs chimiques à la chromatographie.
L’utilisation de réactifs chimiques est couramment appliquée pour la plupart des lichens. En effet, l’association algue-champignon permet la synthèse de substances organiques réagissant par réaction colorée selon le réactif utilisé.

Les différents types selon la morphologie

Au point de vue morphologique, on peut distinguer jusqu’à 8 types de lichens : les lichens à thalle crustacé, à thalle squamuleux, à thalle foliacé ou à thalle fruticuleux. À ces différents types, s’ajoutent les lichens à thalle complexe, les lichens gélatineux ainsi que les lichens lépreux.
La distinction de ces principales morphologies permet, par l’observation à l’œil nu ou à la loupe, de suivre les premiers critères des clés de détermination.

Les lichens à thalles crustacé

En forme de croûte plus ou moins lisse, ils sont fortement adhérent à leur support. N’ayant pas de cortex inférieur, les hyphes de la médulle pénètrent directement dans le substrat. Ils représentent plus du 4/5 des lichens.

Lecidella elaeochroma

Les lichens à thalle squamuleux

Composé de petites écailles ou squamules rapprochées ou imbriquées comme les tuiles d’un toit. Les partie décollées du support possèdent un cortex inférieur.
Ils sont la forme intermédiaire entre les thalles crustacés et les thalles foliacés.

Les lichens à thalle foliacé

Composés de lobes élargis ressemblant à de petites feuilles, leur face inférieure adhère au support par de nombreux rhizines issus de la médulle ou du cortex inférieur.
Chez certaines espèces, le thalle foliacé n’est fixé que par une surface très réduite. Dans ce cas, on parle de thalle ombiliqué.

Punctelia subrudecta

Les lichens à thalle fruticuleux

Plus ou moins buissonnants, dressés ou pendants et plus ou moins ramifiés, ils n’adhèrent à leur support que par une surface très réduite. On peut souvent distinguer un tronc principal et des rameaux.

Ramalina sp

Les lichens à thalle complexe

Lichens formés de deux parties bien différentes. Le thalle primaire, crustacé, squamuleux ou foliacé adhère au support. Le thalle secondaire, fruticuleux, porte les structures reproductrices.

Cladonia sp

Thalles gélatineux :
Spécifique aux lichens homéomères. À l’état humide, ils ont une consistance gélatineuse puis deviennent noir et cassant à l’état sec.

Thalles lépreux :
Forme plus ou moins cohérente de granules constitués chacun d’hyphes associées à quelques cellules algales. Considérés comme primitifs, les lichens lépreux, parviennent à constituer de grandes surfaces farineuses, principalement sur des substrats protégés des eaux de ruissellement et ombragés.

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Texte et photographies : Cédric Daguet

Sources :

(4 commentaires)

  1. A l’occasion d’un séjour dans le Lot en février dernier, nous avons observé une présence très importante de lichens (+ mousses et fougères) dans les arbres (chênes essentiellement).
    Je me demande quelle en est la raison?

    1. Bonjour Jeannelle,
      Les lichens et les mousses étant des organismes ne produisant pas leurs éléments nutritifs par un système racinaire, ils ont besoin d’un support sur lequel s’accrocher avec des crampons afin de capter les nutriments, l’eau nécessaires à leur croissance.
      L’écorce du chêne leur offre une surface suffisamment rugueuse et bien exposée à l’air et à l’humidité, c’est pour cela qu’ils s’y installent en nombre.
      Aussi, certaines espèces de lichens et mousses sont liées au chêne.
      Ceci n’a rien d’inquiétant, au contraire la présence de lichens et de mousses indiquent une bonne qualité de l’air.
      Quand aux fougères, ce sont sûrement des espèces épiphytes poussant dans les anfractuosités des vieux arbres.

      J’espère avoir répondu à votre questionnement.
      En vous remerciant de la lecture de mes articles.
      Cédric Daguet

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